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40 mars 2016, Place de la République, Paris

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mercredi 7 octobre 2015

CASH de Nanterre : les élus veulent faire tomber les murs

Un dossier de presse qui ouvre des perspectives !
manifestation, en 2012
La conférence de presse organisée à la mairie de Nanterre mardi 6 octobre, pour faire le point des blocages et présenter un ambitieux projet urbain et architectural pour moderniser le Centre d'Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH) Max Fourestier, devrait relancer le débat et marquer une nouvelle étape de la lutte, avec l'annonce d'un référendum local.

Le Comité de défense et de modernisation, rassemblant élu-e-s de la majorité municipale, usagers, médecins de la commission médicale et de la commission sociale, syndicats des personnels, s'était constitué en 2011 contre la volonté de l'ARS de rayer l'hôpital de Nanterre de la carte, avec notamment l'annonce de la fermeture de services d' urgences et de réanimation. Depuis 4 ans, de pétitions en rassemblements, de manifestations en délégations à l'Agence Régionale de Santé (ARS) et au Ministère, la mobilisation n'a guère faibli pour sauver l'établissement.

L'Hôpital est toujours en danger


La lutte n'a pas été vaine : le Conseil d'Administration de l'hôpital Max Fourestier a adopté, en 2013, un projet «  bi-sites », certes imparfait, mais assez équilibré, avec l'hôpital Louis Mourier de Colombes. Mais, explique Jacqueline Fraysse, depuis, ni ARS, ni Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dont dépend Louis Mourier, « ne  jouent  le jeu ni ne coopèrent ». Malgré un « accord cadre  de partenariat conclu en décembre 2014 entre le Préfet de Police de Paris (autorité administrative dont dépend le CASH) et l'AP-HP », « le développement de la chirurgie ambulatoire à l'hôpital Max Fourestier (...), une des contreparties essentielles aux nombreux transferts d'activité médicales (dont en juin la pneumologie) vers l'hôpital Louis Mourier », où vient d'être annoncé par voie de presse spécialisée « le développement d'une...plate forme ambulatoire » (!) , ne se fait pas. La députée s'en indigne dans un échange de courriers daté du mois d'août avec Martin Hirsch, directeur de l'AP-HP.
Alors que le CASH voit ainsi partir sans contreparties des services aussi utiles pour la population que rémunérateurs pour l'établissement, le COPERMO (autorité gouvernementale), durcit ses exigences financières. Le déficit budgétaire a diminué de plus de moitié depuis 2012, passant de 14,6 millions à 7 millions d'euros. Mais il faudrait encore, dès maintenant, réduire les dépenses d'investissement de 7 millions, et le déficit de 3 millions, selon les exigences des technocrates chargés d'appliquer la politique d'austérité en rognant dans les dépenses publiques de santé. C'est « l'asphyxie programmée de l'établissement », s'indigne Jacqueline Fraysse. Ce sont encore des centaines de postes de personnels qui risquent de disparaître, après les 130 « équivalents temps pleins » sacrifiés en 2014 ! Les conditions de travail empirent, l'incertitude du lendemain demeure et la souffrance grandit, pour les personnels soignants et pour les travailleurs sociaux dont beaucoup ont des contrats de travail précaires. La « démoralisation » touche presque tout le monde. Daniel, représentant des usagers, s'en fait l'écho : « Je suis suivi – et très bien soigné – en cardiologie et en diabétologie. Un responsable du service diabétologie m'a dit que si la cardiologie partait, lui aussi fermerait son service ».

à gauche, des médecins du CASH
Le docteur Luc Rosenbaum, président de la commission médicale d'établissement, donne des raisons d'espérer et de se mobiliser, fondées sur un projet partagé et réaliste fait par l'équipe du CASH. L'hôpital de Nanterre peut et doit se moderniser, pour répondre aux besoins la population du secteur, où le manque d'offre médicale libérale est préoccupante, surtout pour les habitants les plus pauvres. Le projet de modernisation s'inscrit aussi dans un plan d'intérêt régional, ce serait à l'ARS de le défendre, regrette-t-il, avant de remercier les élus de Nanterre de le porter. Si on laisse faire, ajoute-t-il, il n'y aura plus que des hôpitaux privés, alors que seul l'hôpital public accueille et soigne les plus démunis, sans conditions de ressources, en coopération notamment avec les centres de santé municipaux.

Sans l'hôpital, pas de secteur médico-social 
Jacquelin Fraysse, députée, Patrick Jarry, maire,
Habiba Bigdade, adjointe au maire déléguée à la santé
Le maire, Patrick Jarry, l'a souligné dans son introduction, et le docteur Jacques Hassin, président de la commission sociale d'établissement, à son tour le développe et y insiste : le CASH de Nanterre, c'est aussi 247 places d'accueil de sans abris, 230 places en Centre d'Hébergement Social de Réinsertion (CHSR), 248 places pour retraités sans ressources (EPAHD), une école d'infirmières « externalisée »...Historiquement, c'est la prison pour les pauvres de Paris, ouverte au XIX ème siècle, qui s'est dotée d'un centre de soins hospitaliers, devenu un hôpital qui s'est développé au XXéme siècle, s'est ouvert au quartier, à la ville, au bassin de population, avec la montée des besoins, et les progrès des politiques de santé publiques dont les moteurs ont été les luttes sociales dont nous sommes les héritiers. D'où son statut atypique, sa dépendance administrative du Préfet de Police de Paris, et son enclavement dans les vestiges d'un mur d'enceinte.
C'est là aussi qu'ont été amenés cet été, bon gré- mal gré, par la police , quelque 80 demandeurs d'asile Erytréens et Soudanais, chassés de Paris, en deux « vagues » principales, en juin et en septembre. Comme l'avaient été, il y a quelques années, des immigrés maliens. « Les accueillir, c'est notre rôle, c'est notre fierté », affirme Jacques Hassin, qui fait remarquer que « si l'Etat subventionne l'hébergement et la nourriture, rien n'est prévu pour les consultations et les soins médicaux dont beaucoup ont besoin, parfois des interventions importantes, que nous assurons parce que nous sommes un hôpital. Et après, on vient nous parler de déficit du budget ! ». Un exemple qui illustre les raisons de l'engagement de la commission sociale du CASH avec les autres composantes du comité de soutien et de modernisation : sans hôpital, plus de secteur médico- social, plus d'accueil utile des demandeurs d'hospitalité, qu'ils soient Français ou étrangers. Ce serait une régression vers une prison-asile pour les pauvres, avec tout au plus une infirmerie, comme au XIX ème siècle !
La « synergie sanitaire et sociale », c'est précisément ce qu'il faut préserver, développer, et c'est celà qui est déjà menacé, avec les « réducions de voilure » imposées par les restrictions budgétaires, avec les externalisations, sans réelle garantie d'ouvrir de tels lieux ailleurs, par exemple pour les places en CHRS. Au contraire, la moderniser, l'adapter aux conséquences de la crise que nous vivons, ce ne devrait pas être seulement l'affaire de la ville, du bassin de vie, mais devenir un projet à vocation régionale, avec un soutien national. Le projet de collaboration avec l'Université de Nanterre, pour créer un « Institut sur la précarité et l'exclusion sociale », en constitue une des pistes.

Casser les murs de la « prison pour les pauvres »


Le projet ambitieux présenté par Patrick Jarry au nom de la Municipalité est donc cohérent, novateur et moderne pace qu'il articule un hôpital de proximité inscrit dans la coopération avec Louis Mourier et l'AP-HP, une vocation sociale d'hébergement, d'accueil et de soin à « redimentionner et humaniser », et, principale révélation publique de la conférence de presse, un projet urbain et achitectural. La volonté est d'ouvrir l'ensemble sur la ville, de l'intégrer au quartier. Six phases sont annoncées, pour un projet qui, progressivement, d'ici 2030, aurait au final changé profondément le site de 17 hectares resté presque en l'état depuis plus d'un siècle. Seuls seraient laissés dans leur configuration actuelle deux bâtiments en raison de leur intérêt architectural.
images extraites du dossier de presse
Le CASH serait traversé par deux voies de circulation, les espaces verts dits « Jardin Japonnais » et « du cloître » seraient désenclavés. Environ la moitié des places en CHRS et en EPAHD seraient « externalisés » vers d'autres villes du département, pour se conformer à des normes habituelles pour ce type de structures. Le secteur psychiatrique pourrait accueillir quatre des six unités pour lesquelles l'ARS cherche une localisation nouvelle dans le département, à condition que les bâtiments soient reconstruits dans des délais raisonnables pour améliorer les conditions d'accueil des patients et des familles. L'école d'infirmières seraient réintégrée sur le site, et un pôle universitaire de formation et de recherche sur les métiers médico-sociaux pourrait être créé par la Région.

tableau extrait du dossier de presse
Resteraient une vingtaine de milliers de mètres carrés disponibles. Le maire tient à réaffirmer que « Nanterre n'a pas besoin de ces terrains pour construire des nouveaux logements, puisque 800 par an sont construits, et des milliers sont prévus dans la zone des Groues ». Cependant, le projet prévoit d'en construire « quelques uns » le long des nouvelles rues qui traverseront le CASH, en accession à la propriété, voire quelques locatifs pour les salariés du site,  pour une « véritable intégration à la ville », et aussi parce que cela pourrait contribuer au financement du projet à hauteur de 10 à 15 millions d'euros. Mais le terrain appartient à la ville de Paris, et la convention actuelle d'occupation par le CASH interdit toute construction autre qu'hospitalière ou médico-sociale. Des prémisses de négociations seraient déjà en cours avec la Municipalité de Paris.

Le coût total de l'opération est pour l'instant estimé à 93,7 millions d'euros, à répartir pour l'essentiel entre l'ARS, le Département, la Région, l'Etat. Une somme à comparer par exemple aux 20 millions que coûte la contruction d'un groupe scolaire, ou aux 63 millions dépensés par la Région pour la reconstruction/réhabilitation du lycée Joliot Curie. Mais pour que « CASH 2030 » ne soit pas une utopie, il n'en reste pas moins qu'il implique de sortir des visions à courte vue des partisans de l'austérité et des coupes budgétaires.

Vers un référendum local à Nanterre
intervention de Marc Guérin
La bataille est donc loin d'être gagnée. Marc Guérin, animateur du Comité de défense et de modernisation du CASH de Nanterre, a annoncé l'organisation, en novembre, d'un référendum. Pour le préparer, toutes les bonnes volontés sont invitées à participer à une réunion :
                Jeudi 8 octobre à 18h30 salle 14, au niveau -1 de la mairie.



Ecouter la conférence de presse :












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